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Granvillage en reportage - La Ferme du Pré Fleuri, avec Marianne et Laurent

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Le 11 août 2022
Granvillage en reportage à la ferme du Pré Fleuri En savoir plus
pré feuri



Alors que la canicule nous accordait un léger répit, nous sommes allés à la rencontre de Marianne, Laurent et Anthony, leur fils, à la ferme du Pré Fleuri, au cœur des vallons embrumés du Puy-de-Dôme. Nous avons suivi le couple d’éleveurs à travers des prairies auvergnates qui n’ont rien à envier aux irlandaises, à la rencontre de leurs vaches et brebis. À votre tour, découvrez le quotidien à la ferme du Pré Fleuri.


Marianne, Laurent, leurs vaches, leurs brebis et leurs champs verdoyants

La ferme du Pré Fleuri est sur Granvillage


En plein cœur de l’été, alors que la sécheresse mettait toute la France à genoux, nous avons revêtu les petites laines pour retrouver Marianne et Laurent dans leur ferme auvergnate. Les sommets, épargnés par la lourde chaleur estivale, avaient su préserver leur belle couleur verte. Pour nous qui avions parcouru la France pour Granvillage en reportage, cette trêve fraîche était la bienvenue. Marianne et Laurent nous ont accueillis avec petit-déjeuner royal : du pâté et des terrines fabriqués à la ferme, un jus de pomme de leur cru et des sourires qui mettent à l’aise. Nous ne le savions pas encore, mais tout ça, c’était pour nous donner la force de courir après leurs brebis et agneaux quelques dizaines de minutes plus tard !
Mais avant ça, Laurent s’est raconté :
« J’ai travaillé 15 ans comme salarié dans la montagne thiernoise. En même temps, je travaillais ici, à la ferme. Ma mère était agricultrice. Comme elle arrivait à la retraite, nous avons décidé de fusionner nos deux exploitations. J’ai alors sauté le pas, et j’ai décidé de devenir agriculteur à plein temps, avec ma femme ».

C’est autour de Marianne d’ajouter :
« Avec Laurent, nous étions dans le même lycée, mais pas de la même année. Moi, je me destinais à enseigner. Alors, j’ai fait une maîtrise d’Anglais à la fac. Pendant mes études, je travaillais en tant que surveillante dans un collège. Cette expérience m’a dissuadée de devenir prof ! Je me suis donc orientée vers le tourisme, et en particulier, le tourisme rural. J’ai travaillé dans des hôtels, des restaurants, au conseil régional, en office de tourisme et même à Vulcania. Je suis tombée enceinte d’Anthony et durant mon congé maternité, on a commencé à se dire qu’on pourrait travailler ensemble à la ferme, avec Laurent. On a donc développé une activité de tourisme à la ferme, avec des chambres d’hôtes et des roulottes. On a fait ça durant quelques années, en plus de l’élevage et la culture de céréales. Mais avec le COVID, tout s’est compliqué. Les normes sanitaires devenaient toujours plus contraignantes et le contact avec les visiteurs de plus en plus difficile. On a fait le choix de cesser l’activité touristique. Maintenant, on ne fait plus que des balades en calèche pour faire découvrir les alentours. »

L’activité principale de la ferme du Pré Fleuri reste l’élevage. Laurent nous explique :
« Nous élevons nos bêtes en plein air intégral. Ce n’est pas toujours très bien perçu, car certaines personnes pensent que ça veut dire qu’on ne s’occupe pas de nos animaux, qu’ils sont livrés à eux-mêmes. C’est en fait tout le contraire. Lorsque je me suis installé en plein air intégral, j’ai consulté un vétérinaire pour qu’il m’aiguille et me donne des conseils afin que les animaux évoluent dans les meilleures conditions possibles. »

Le bien-être animal est primordial pour le couple. Chaque matin, Marianne et Laurent se rendent auprès de leurs vaches et brebis pour s’assurer que tout va bien. Ils nourrissent les agneaux orphelins, prennent soin des bêtes qui peuvent présenter quelques petits soucis de santé, amènent les brebis d’un pré à l’autre pour faire tourner les prairies et bien d’autres tâches qu’ils prennent plaisir à faire, malgré l’énergie qu’elles demandent. Pour offrir le meilleur à leurs animaux, comme à leurs consommateurs, le couple a choisi de se convertir à l’Agriculture Biologique. Laurent nous partage son point de vue :
« Notre conversion s’est très bien passée, car nous pratiquions déjà une agriculture raisonnée. Nous n’avons pas eu à révolutionner nos pratiques. On a fait le choix de la bio, car on s’est toujours sentis proches de la nature. À nos yeux, c’était important de la respecter, comme c’était important de respecter nos animaux et nos clients. Une fois qu’on est en bio, la vente directe n’est que la suite logique. Quand on vend en direct, on peut gérer le transport des bêtes, s’assurer que tout se passe dans les meilleures conditions. Ici, on travaille avec moins de bêtes qu’en conventionnel. Nous pouvons accorder plus d’attention et de soin à nos animaux. Le label bio nous permet également de mieux valoriser notre production. Nous cultivons différents types de céréales sur une même parcelle afin de répondre aux besoins nutritionnels de nos animaux. Cela demande une certaine maîtrise, car il faut choisir des plantes qui atteindront leur maturité en même temps. Quand on mélange tout, une année humide, l’avoine et le seigle prendront le dessus. Une année sèche, ce sera le contraire : l’orge va prendre le dessus. D’une année à l’autre, on n’aura pas la même récolte. Il est vrai que d’un point de vue administratif, avoir une exploitation en agriculture biologique peut être chronophage. On nous demande beaucoup et le temps que nous passons dans les papiers, c’est du temps que nous ne passons pas auprès de nos bêtes.
La politique agricole est basée sur la surface. Plus on a de surface, plus on a de primes. Donc c’est déjà un problème. Les agriculteurs sont poussés à avoir de grandes exploitations, même si ce n’est pas la solution. Les grands céréaliers touchent toutes les primes et sont décideurs. Cela donne des lois qui ne sont pas faites pour les plus petits. En bio, on a des primes à la conversion, mais une fois qu’on est converti, il n’y a plus personne. Ils nous coupent l’herbe sous le pied. Financièrement, si on regarde purement les chiffres, on n’a pas d’intérêt à rester en bio, on le fait vraiment par conviction. »

Si les difficultés administratives peuvent être décourageantes aux yeux de notre couple d’éleveurs, elles ne le sont pas autant que les problèmes liés au climat :
« On remarque déjà des changements climatiques. On voit pousser dans nos prairies auvergnates des herbes de garrigue qui s’étendent toujours plus, quitte à cannibaliser des plantes du coin. Alors oui, on essaie de s’adapter. Par exemple, nous faisons le nécessaire pour avoir des réserves d’eau qui nous permettent d’affronter les périodes de sécheresse. Lors des vagues de sécheresse, nous pouvons avoir du mal à nous approvisionner, notamment au niveau du fourrage. Heureusement, le label bio nous permet de déroger au cahier des charges lorsque cela arrive. Pour éviter cette situation, nous essayons d’atteindre une autonomie alimentaire pour pouvoir nourrir nos bêtes avec ce qui pousse sur la ferme. Lorsqu’il fallait gérer le manque d’approvisionnement, je donnais en priorité notre fourrage bio aux animaux destinés à être consommés. Pour les autres, comme nos chevaux de trait, nous leur donnions le fourrage acheté auprès d’autres producteurs.
La chaleur est aussi propice aux maladies dans les élevages. Alors, pour éviter cela, nous misons au maximum sur des pratiques préventives. Par exemple, nous donnons à nos bêtes du thym et de l’ail qui sont des vermifuges naturels. »

Pourtant, malgré les épreuves qui jalonnent la vie d’un éleveur, Marianne et Laurent sont heureux :
« Être agriculteur et éleveur, c’est un choix de vie qui repose sur le partage, puisque nous nourrissons les gens, mais aussi l’amour de la nature, de nos bêtes. C’est tellement plus simple d’être heureux de vivre avec des animaux heureux. Et si nous avons des paysages aussi beaux en France, c’est parce que c’est notre agriculture qui les façonne.
Si un jour vous en avez marre de la vie, venez vous coucher au milieu des brebis. Ça fait un bien fou, c’est une thérapie. »

Le portrait de Marianne et Laurent, éleveur de brebis et de vaches, vous a plu ? Découvrez tous les portraits Granvillage et suivez-nous sur Facebook & Instagram pour ne pas rater les prochains !

Photos : Gaétan Clément

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