AccueilBlogUne journée avec...Granvillage en reportage – Chez Mathieu Cotte, maraîcher

Granvillage en reportage - Chez Mathieu Cotte, maraîcher

Dans la catégorie Une journée avec...
-
Le 18 octobre 2022
Granvillage en reportage à la ferme Cotte En savoir plus
mathieu cotte est maraicher


À la frontière entre la Loire et l’Ardèche, au cœur de vallons verts d’avoir bu une pluie bienvenue après la sécheresse, nous avons retrouvé Mathieu Cotte et ses parents. Nous les avons suivis dans leurs champs, leurs serres et leurs vergers nous les avons écoutés nous parler de leur métier, nous les avons questionnés sur leur vision de l’agriculture.

Mathieu Cotte est sur Granvillage


Mathieu Cotte, des fruits et légumes en circuit court


Depuis six générations, la famille Cotte travaille les terres ardéchoises pour en cueillir des fruits et légumes d’ici. Mathieu, dernier membre à avoir rejoint l’aventure, s’est installé en 2015 pour épauler ses parents, reprendre le flambeau et perpétuer le savoir-faire.

« On a cinq hectares pommiers, deux hectares d’abricotiers, près de 7 000 m2 de serres avec des fraises, des framboises et des légumes. On cultive également deux ou trois hectares de légumes en plein champ. Pour faire tout ça, nous sommes trois sur l’exploitation : mon père, ma mère et moi. Nous avons deux personnes qui travaillent avec nous une bonne partie de l’année et nous pouvons embaucher jusqu’à huit personnes lors des périodes plus intenses.
Lorsque j’ai rejoint l’exploitation, nous avons décidé de nous agrandir et de cultiver sous serres, d’abord avec les fruits rouges, ensuite avec les légumes. »

Ce qu’elle récolte, la famille Cotte le vend sur les marchés, à la ferme, dans un magasin de producteurs qu’elle co-gère, ou le fait transférer chez des partenaires locaux.

« Nous, on vend les produits bruts. Ma mère fait tous les marchés et moi, je fais celui du samedi. Le reste du temps, nous travaillons côté production et plantation à la ferme avec mon père. J’aime beaucoup la vente, mais on ne peut pas être partout. C’est pour ça que je me contente de celui du samedi. Ça nous permet d’échanger avec nos clients, de garder le contact. C’est d’ailleurs ce qui nous a menés au 100% vente directe. Il y a deux ans encore, nous vendions une partie de notre production de pommes à un grossiste. Puis, nous avons décidé d’avoir le contrôle total sur notre production. Nous nous sommes associés dans un magasin de producteurs à Peaugres. Nous y vendons nos produits et assurons des permanences pour faire tourner le magasin. Nous proposons également nos pommes à des comités d’entreprise en Haute-Loire. Ils nous prennent de gros volumes, ça représente un travail important de notre côté, mais les gens sont contents d’avoir des pommes en direct du producteur.
Alors évidemment, les circuits courts représentent beaucoup de boulot. Il faut faire tourner la ferme, planter, ramasser, faire les marchés, décharger les camions, les charger… c’est plus compliqué que de tout vendre à un grossiste. Mais on s’y retrouve côté prix et humainement. 
Nos clients, eux, s’y retrouvent côté qualité. Certains diront que c’est moins cher ailleurs. C’est peut-être vrai. Les fruits sont chers en France, mais la main d’œuvre l’est aussi. En Espagne, ils sont moins chers, mais les conditions de travail ne sont pas les mêmes. Et dans les faits, je n’ai pas le sentiment que les prix que nous pratiquons sur les marchés soient plus élevés qu’en grande surface. En revanche, côté qualité, c’est dur pour eux de tenir la comparaison. »

Comme pour de nombreux agriculteurs, la question du passage à l’agriculture biologique se pose. Pour l’heure, la famille cultive ses terres de manière raisonnée :

« Les gens parlent beaucoup de bio. Mais il faut savoir qu’en France, l’agriculture est déjà très réglementée et que pour un petit producteur, la bio, c’est beaucoup de contraintes. Malgré tout, je pense qu’on sera amenés à y passer un jour ou l’autre. Il faut nous laisser le temps. Pour ma part, j’ai peur qu’on manque de marge de manœuvre dans notre manière de gérer notre production. Nous vendons dans des petits villages. Nous n’avons pas une clientèle citadine. Les gens d’ici sont peut-être moins aisés et en bio, les prix sont bien souvent plus élevés. Il faut aussi tenir compte de ça. Nous, nous voulons garder notre clientèle. Je pense à la petite mamie qui vient acheter nos légumes, mais qui ne sera pas prête à mettre le double du prix pour acheter un poireau.
Sans être bio, notre agriculture reste raisonnée et respectueuse. J’avais dans l’idée d’obtenir le label HVE (Haute Valeur Environnementale), mais je pense que c’est plus une question de business qu’autre chose. Les gens nous connaissent, ils nous font confiance. »

D’autant que Mathieu et sa famille doivent déjà, comme tous ceux qui travaillent la terre, composer avec ce qu’ils ne peuvent maîtriser.

« À cause des intempéries, nous avons eu de nombreuses pertes. Nous avons perdu la totalité de notre récolte abricots et pêches. C’est ce qui nous a poussés à diversifier, mais surtout à cultiver sous serres. Nous pratiquons également l’agriculture hors-sol. C’est très mal vu, pourtant, ce ne sont que de simples plantations qui ne touchent pas le sol. Cela nous permet de protéger nos plans des maladies, de certains parasites ou champignons. Il n’y a pas plus d’engrais en hors-sol que dans le sol et ça ne consomme pas plus d’eau, contrairement à tout ce que l’on peut entendre. À l’époque, mes parents ramassaient la même quantité en trois ans que nous en une récolte. Les gens ont avis sur cette pratique sans connaître la réalité. »

Mais au-delà des épreuves qui jalonnent la vie d’un agriculteur, au-delà des obstacles et des aléas, Mathieu aime son métier.

« On nourrit les gens. On se sent fier quand on arrive au marché. Les gens nous disent qu’on a de bons produits. Il y a beaucoup de contraintes dans la vie d’un agriculteur. On ne compte pas les heures. Ça nous demande beaucoup de travail. Mais c’est un métier de passion. Je ne sais pas si mes enfants marcheront dans mes pas. Je serais heureux s’ils le faisaient, mais je ne les y pousserai pas. Mes parents ne m’ont jamais forcé, même s’ils avaient espoir que je prenne la relève. C’est un métier où il ne faut pas pousser. Ce n’est pas un boulot comme les autres. »

Le portrait de Mathieu Cotte, producteur de fruits et légumes, vous a plu ? Découvrez tous les portraits Granvillage et suivez-nous sur Facebook & Instagram pour ne pas rater les prochains !

Photos : Gaétan Clément

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *En laissant un commentaire vous acceptez de laisser votre nom/pseudo pour affichage sur le site et votre adresse mail pour pouvoir vous contacter à propos de votre commentaire uniquement si besoin.Granvillage, filiale de Groupama Rhône-Alpes Auvergne, collecte ces informations afin de vous permettre de laisser un commentaire sur le blog, de conserver vos informations pour faciliter la saisie et pour soumettre votre message à notre service de modération.