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Granvillage à la rencontre d’Yvette Déléage, de ses autruches et de leurs œufs

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Le 30 avril 2020
À la découverte des autruches d'Yvette En savoir plus
autruches yvette

Nous avions profité de Pâques pour faire le point sur les œufs. Maintenant que vous connaissez tous les secrets des œufs de poule, partons à la découverte de quelque chose de plus… exotique ! Après 30 ans en tant que coiffeuse, Yvette a eu envie d’autre chose. Et le déclic est venu après la visite d’une ferme d’autruches : Yvette le sait, c’est auprès de ces majestueux animaux ailés qu’elle poursuivra sa carrière. Curieux et assez ignorants sur les autruches, nous avons voulu en savoir plus. Grâce à Yvette, c’est chose faite ! Sortons la tête du sable pour tout connaître des autruches.

Yvette et ses autruches

« Je m’appelle Yvette et pendant plus de 30 ans, j’ai tenu un salon de coiffure. Après toutes ces années, la routine s’était installée. J’avais besoin de renouveau, j’ai eu envie de changer de vie. Rien ne me motivait plus et puis un jour, j’ai visité un élevage d’autruches et j’ai eu comme un déclic. J’ai été immédiatement séduite par ces animaux si majestueux. Elles étaient si impressionnantes, si gracieuses. En revenant, je savais ce que j’allais faire : devenir éleveuse d’autruches.

autruches

En 2014, nous avons eu nos trois premières autruches. Aujourd’hui, nous en avons entre 35 et 45 et nous nous en occupons de la naissance à l’abattage. Chaque jour, je me lève puis je vais donner à manger à mes bêtes. Je fais le tour des parcs, je les nettoie. Je reste un peu avec elles pour regarder si tout va bien. Elles demandent beaucoup d’attention.

Il y a plusieurs périodes qui marquent notre quotidien. Une autruche n’est pas souvent malade, mais le moindre mal peut leur être fatal. Alors, il faut veiller sur elle afin de remarquer le problème dès le départ. Si une autruche a des problèmes de digestion, ne rien faire peut la mener à la mort. Alors j’observe et si je remarque quelque chose d’anormal, je vais lui donner quelques gouttes d’huile de paraffine ou lui faire un petit massage de l’intestin par exemple.

Je les nourris et leur donne à boire, une fois par jour en temps normal et jusqu’à cinq fois durant les mois les plus chauds.

Et puis il y a les moments qui se démarquent du quotidien, comme les mois de naissances, d’avril à septembre. Ces jours-là demandent bien plus d’implication que les autres. Il nous faut une quarantaine de nouvelles autruches par an pour assurer le renouvellement de notre élevage. Mais on ne peut pas connaître le nombre à l’avance car on ne peut pas savoir dès le début si les œufs sont fécondés ou pas.

Chez nous, la fécondation est faite de manière naturelle. Une fois par semaine, je mets les œufs dans un incubateur. Un incubateur, c’est une armoire qui chauffe à 36 degrés et qui bascule les œufs toutes les deux heures pour permettre à l’autruchon de se développer avec la chaleur. La bascule permet de maintenir le jaune de l’œuf à l’intérieur, au milieu de l’œuf. Si on ne bascule pas l’œuf, le jaune se colle à la coquille et cela peut causer des malformations chez l’autruchon. Dans la nature, l’autruche couve ses œufs puis se lève de temps en temps pour tourner elle-même ses œufs. C’est d’ailleurs pour cela qu’on dit qu’une autruche met la tête dans le sable : en réalité elle s’occupe de ses œufs ! La femelle couve parfois ses œufs, mais le plus souvent, c’est le mâle qui s’en charge.

Après une quinzaine de jours, je me mets dans le noir, je pose une lampe sur l’œuf, cela s’appeler « mirer », et je regarde si l’autruchon se développe. Si c’est le cas, je vais apercevoir une masse noire dans l’œuf. Alors, je remets l’œuf dans l’incubateur et vais le laisser 39 à 42 jours au total. Si je ne vois pas cette masse noire, alors l’œuf n’a pas été fécondé. Je sors donc les œufs qui n’ont pas été fécondés. Mais comme ils ont été gardés à 36° et basculés toutes les deux heures pendant quinze jours, ils ne sont plus propres à la consommation. Je les vide et m’en sers pour de la décoration.

décoration oeuf
Les œufs décorés

Au bout de 39 jours, on va mirer les œufs restés dans l’incubateur une à deux fois par jour. Dans l’œuf, l’autruchon est entouré par une membrane. Il doit percer cette membrane pour pouvoir percer sa coquille. Lorsque la membrane est percée, l’autruchon a une petite poche d’air qui va lui permettre de respirer durant 24 heures. Le temps pour sortir est alors compté. Le problème, c’est que quelquefois, l’autruchon n’a pas assez de force pour percer sa coquille. Donc il faut l’aider : il faut prendre un marteau et casser la coquille. Il faut casser au bon moment : si le sac vitellin (le jaune qui nourrit l’autruchon dans l’œuf) n’a pas fini de se résorber alors l’autruchon n’est pas viable. C’est un geste très délicat. Dans la nature, si l’autruchon n’arrive pas à percer sa coquille, c’est qu’il n’est pas assez fort pour survivre.

autruchons

Une fois l’œuf éclos, l’autruchon sera placé dans un éclosoir. C’est comme un incubateur, c’est chauffé à 36° et la température diminue progressivement. Il va être au chaud et une petite ventilation va venir sécher ses plumes. On ne lui donne pas à manger pendant deux ou trois jours parce que le sac vitellin est encore à l’intérieur et ça lui suffit. S’il mange des graines, le sac vitellin ne se résorbera pas et cela pourra créer des infections. Si on donne trop d’espace à l’autruchon, il va s’épuiser et risque de mourir. Alors, on va leur donner de l’espace petit à petit. Après quelques jours, on leur donne à manger. Ils vont se nourrir de cailloux pour faciliter la digestion, des fientes des grosses autruches pour leur flore intestinale, puis de la luzerne, du maïs, du blé… Ensuite, on les met dans un petit enclos, on les surveille et, au fur et à mesure qu’ils grandissent, on agrandit des parcs. On ne les mélange jamais avec les plus grandes. Les autruches courent, dansent, elles ne font pas attention. Il y aurait trop de risques pour les plus petits qui sont encore très fragiles. Même pour nous : nous devons faire attention lorsque nous entrons dans les enclos. Les autruches sont très puissantes et un coup de patte peut faire très mal. Les autruches ne sont pas des animaux agressifs. Elles se laissent caresser, viennent vers moi, me reconnaissent. En revanche, elles feront tout pour défendre leurs œufs. Alors il faut redoubler de précautions lorsque nous allons les chercher.

parc autruches

Une fois que les petits autruchons sont devenus de grandes autruches, nous en gardons certaines pour la reproduction et emmenons les autres pour l’abattoir. Nous en avons choisi un à côté de l’élevage. Une fois les autruches abattues, elles sont gardées durant deux jours dans une chambre froide. Nous y allons, nous les découpons et ramenons la viande pour la vendre. Une autruche pèse entre 90 et 100 kilos et donne une trentaine de kilos de viande. Ce n’est pas le plus rentable des élevages. Il faut vraiment être passionné pour se lancer avec les autruches ! J’essaie de valoriser au maximum de façon à abattre le moins possible. Nous vendons la viande, les œufs, je fais de la décoration avec les coquilles, je développe le cuir d’autruche pour proposer un peu de maroquinerie, je fais des plumeaux avec les plumes, des savons à la graisse d’autruche, très efficaces pour les problèmes de peau… Tout est fait artisanalement.



oeuf autruche

Nous organisons des visites à la ferme pour faire découvrir nos autruches et sommes présents sur certains marchés de la région. L’autruche reste une viande très peu connue. Les gens n’ont pas l’habitude d’en consommer. Pourtant, c’est une viande assez exceptionnelle. Elle est très tendre, rouge et délicieuse. La viande d’autruche s’adapte particulièrement à la vente en circuit court. Comme les consommateurs la connaissent peu, ils ont besoin d’être rassurés, d’échanger directement avec l’éleveur, de connaître les conditions d’élevage, si l’animal a été respecté. Cela me permet aussi de partager ma passion directement avec mes clients. C’est d’ailleurs pour cette raison que je me suis inscrite sur Granvillage.

J’aime beaucoup quand les gens visitent la ferme et repartent avec le sourire, de bons produits et des recettes. Certains m’envoient même des photos de leur plat ! Nous recevons aussi des enfants lors des visites organisées par les crèches. Je me souviens d’un enfant qui m’avait demandé s’il fallait les traire ! Ce sont de très beaux moments. Ils sont tout émerveillés.

Mes autruches m’ont apporté tellement de beaux moments. Je me souviens comme si c’était hier de la naissance de mon premier autruchon. Je le revois percer sa coquille. J’entends encore ses petits piaillements ! J’ai aussi le souvenir d‘une autruche qui avait été attaquée par des chiens. Je pensais qu’elle ne s’en remettrait pas. Je l’ai veillée, je l’ai soignée jusqu’à ce qu’elle se relève. Elle s’est laissée bichonnée. Ce travail, c’est plus qu’un métier, c’est une passion. »

autruchon

Retrouvez Yvette au Mont des autruches

autruches yvette

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3 commentaires sur “Granvillage à la rencontre d’Yvette Déléage, de ses autruches et de leurs œufs

  1. Comment fait-on pour abattre un animal qu’on a vu naître, qu’on a soigné et bichonné, ceci dit sans animosité, juste pour savoir.
    Merci.

    1. Bonjour,
      Certains feront le choix de garder une certaine distance émotionnelle avec leurs bêtes, d’autres en seront très proches. L’élevage est une activité professionnelle et l’éleveur en connait la finalité.

    2. « Cette espèce animale est appelée à disparaitre.. Tout indique sa condamnation.
      Elle devient de moins en moins capable de soutenir la lutte pour la vie . Ce grand oiseau n’aura plus la force de vivre » . Propos d’un un expert naturaliste, il y a un siècle , dans un magazine de juillet 1920.
      C’est donc grâce aux éleveurs d’aujourd’hui, et à ceux qui en mangent ,ou commercialisent sa peau et ses plumes si cette race d’oiseau est sauvée.
      Et oui, entre la réalité et le monde des bisounours, il y a malheureusement un abime.

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