Happyculteur, la biodiversité est au coin de la ruche
Vous entendez des bourdonnements en plein cœur des villes ? Alors un happyculteur est peut-être dans le coin… Happyculteur, c’est une association qui œuvre pour la biodiversité en ville en informant et formant à l’apiculture. Nous avons rencontré Rémi Santiago, fondateur et président d’Happyculteur pour qu’il nous en dise plus sur cette aventure apicole.
L’apiculture urbaine pour sauver les abeilles et la biodiversité ?
Hello Rémi ! À ce qu’il parait, ça bourdonne pas mal à Paris. Tu peux te présenter et nous expliquer ce qu’est Happyculteur ?
Bonjour, je suis Rémi Santiago, cofondateur et président d’Happyculteur, une association qui a vu le jour en 2017 et qui a pour but de préserver la biodiversité en ville. Mon parcours n’est pas très linéaire. J’ai fait une école d’ingénieur à Grenoble et suis arrivé à Paris pour travailler en tant que consultant.
Au bout d’un an, j’ai pris conscience que ce que je faisais ne me convenait pas vraiment. Ce travail ne reflétait pas l’impact que j’avais envie d’avoir. Alors, je me suis penché sur ce qui avait de l’importance pour moi.
Ma mère est apicultrice et c’est sûrement de là que vient ma sensibilité environnementale et mon amour pour la nature. C’est avec elle que j’ai appris l’apiculture. Je me suis raccroché à ça et j’ai décidé d’importer ce savoir-faire avec moi, à Paris.
J’ai commencé par suivre des apiculteurs sur les toits de Paris et rapidement, j’ai eu la volonté de transmettre ce savoir à d’autres.
C’est ainsi qu’Happyculteur a vu le jour.
Aujourd’hui, on sensibilise entre 1 000 et 1 500 personnes par an à l’apiculture et par extension, à la préservation de la biodiversité.
Et au quotidien, qu’est-ce qu’on fait chez Happyculteur ?
Pas mal de choses maintenant. Globalement, on propose aux citoyens de s’engager pour la protection des abeilles et de la biodiversité à travers 3 grands axes :
Formation : nous formons à l’apiculture douce et raisonnée. Pour cela nous avons une école de formation située dans le Bois de Boulogne. Les cours sont répartis sur 6 mois, un samedi sur deux. On y apprend l’apiculture grâce à des professeurs, avec un parcours pédagogique complet.
Sensibilisation : on essaie de sensibiliser, d’informer, de faire prendre conscience. Pour cela, il y a des ateliers d’initiation à l’apiculture d’une demi-journée. Nous proposons aussi des ateliers dégustation autour du miel pour apprendre ce qu’est un bon miel, où et comment l’acheter, comment le reconnaître…
Végétalisation : on propose aux citoyens de végétaliser leur quartier, de refleurir leur rue, de se réapproprier l’espace urbain grâce au végétal.
Est-ce qu’on peut dire que les happyculteurs sont des apiculteurs urbains ?
La particularité d’Happyculteur, c’est que nous ne sommes pas producteurs de miel en ville.
Nous n’installons pas de nouvelles ruches. Nous nous servons des abeilles et ruches déjà présentes pour sensibiliser.
Aujourd’hui, il y a déjà énormément de ruches à Paris. On en compte près de 2 000 sur les toits de la capitale. Le problème, c’est que l’on commence déjà à observer un manque de ressources (végétales) pour ces abeilles-là. Si on installe de nouvelles ruches, alors ça fera moins de nourriture pour les abeilles déjà présentes et les conséquences, à terme, pourront être désastreuses.
Il y a également la question des abeilles sauvages. Elles ne produisent pas de miel, mais contribuent à la biodiversité. Plus on installe des ruches, moins on aura d’abeilles sauvages qui seront alors cannibalisées par ces nouvelles espèces.
Pourquoi avez-vous fait le choix d’une apiculture urbaine ?
L’apiculture urbaine, c’est assez particulier. Il faut en faire. En effet, en ville, il n’y a pas de pesticides et la diversité florale est variée et intéressante. Ça permet de contrebalancer avec l’apiculture en campagne où le taux de mortalité des abeilles est plus élevé, notamment à cause des pesticides. En revanche, comme je l’expliquais, pour protéger les différentes espèces d’abeilles, il faut trouver un équilibre entre le nombre de ruches et la quantité des ressources disponibles.
L’apiculture est un formidable outil de sensibilisation et d’information. Il y a un énorme attrait pour les abeilles et l’apiculture en général. Ça permet de prendre conscience qu’il existe des leviers pour agir à son niveau. Une fois que les gens viennent sur les ruches, s’essaient à l’apiculture, alors ils ont envie d’agir.
Les gens que nous formons installent leurs ruches en dehors de Paris ou prennent part à la vie des ruchers partagés qui leur permettent de pratiquer l’apiculture dans la ville sans avoir à ouvrir de nouvelles ruches.
D’ailleurs, comment devient-on apiculteur urbain ?
Aujourd’hui, il y a trop d’apiculteurs qui se lancent sans suivre de formation. Ce n’est pas une démarche que nous soutenons. Nous pensons que pour se lancer dans l’apiculture, il faut avoir suivi une formation qui dure au minimum une saison. La saison apicole commence en mars et se termine en octobre.
L’apiculture, c’est de l’agriculture. C’est une forme d’élevage. On n’aurait pas idée d’acheter 30 vaches sans rien connaître à l’élevage, en se disant qu’on va apprendre sur le tas. Avec les abeilles, c’est pareil. Une ruche peut compter jusqu’à 60 000 abeilles. On ne peut pas apprendre à gérer et prendre soin de milliers d’abeilles en suivant des tutos sur Youtube. On risque de les tuer en faisant des mauvaises manipulations.
Une fois que l’on est un happyculteur diplômé, quels sont les prérequis pour avoir sa propre ruche ?
La première chose, c’est d’avoir de l’espace. Il ne suffit pas de beaucoup : une ruche a besoin d’à peu près 6m2. Ensuite, il faut définir si l’espace convient à l’installation d’une ruche : est ce que les ressources florales seront suffisantes ? Y aura-t-il assez à manger pour nourrir les abeilles ? Les fleurs fleurissent-elles à différents moments pour leur permettre de manger tout au long de l’année ? Y a-t-il déjà des ruches autour ?
Ensuite si l’emplacement respecte tout ça, il faut se renseigner sur les décrets préfectoraux en vigueur : distance avec les voisins, présence d’une haie, distance minimum avec les crèches et écoles…
Depuis quelque temps, les abeilles sont sous le feu des projecteurs. Pourquoi est-ce si important de les protéger ?
Effectivement, c’est important de protéger les abeilles. Mais ce ne sont pas les seules à devoir être protégées. On en parle beaucoup car c’est un animal qui suscite de la sympathie. Elle produit du miel, alors on l’aime bien. Il y a un intérêt derrière sa protection. C’est important de les protéger car elles jouent un rôle indispensable dans la pollinisation, qui est, grossièrement, la transformation d’une fleur en fruit. C’est ce qui permet à une majorité d’aliments d’exister, mais c’est aussi ce qui contribue à la biodiversité. Certaines plantes se reproduisent grâce à la pollinisation, même si elles ne produisent pas de fruits. D’ailleurs, il n’y a pas que les abeilles qui pollinisent. Il y a aussi les papillons, les bourdons, les mouches… Tous les insectes jouent un rôle dans la biodiversité et tous doivent être protégés !
Justement, quel(s) geste(s) appliquer au quotidien pour protéger cette biodiversité ?
Un citoyen qui habite en ville peut planter des fleurs sur sa terrasse ou son balcon, prendre part à l’entretien de jardins partagés. On ne le dit pas assez, mais manger de saison, et de manière générale, consommer de façon raisonnable, permet de favoriser le travail d’agriculteurs qui travaillent de façon propre et donc d’offrir de beaux espaces aux insectes pollinisateurs.
De fil en aiguille, ne pas acheter de tomates en hiver permet aux abeilles de survivre. En tant que consommateur, on peut aussi préférer le vrai miel aux miels industriels. En tant qu’agriculteur, on peut faire le choix d’une agriculture propre et raisonnée pour protéger la biodiversité.
Chacun, à son niveau, peut agir.
D’ailleurs, comment reconnaître un bon miel ?
Il suffit de lire l’étiquette !
Lorsque c’est marqué miel non-originaire de l’Union Européenne, alors c’est souvent du miel brésilien ou chinois, coupé avec du sucre, mélangé et chauffé.
Si c’est écrit « mélange de miel de l’Union Européenne », alors il y a de grandes chances que le miel provienne des pays de l’Est et qu’il résulte également de miels chauffés et mélangés. Pour être certain de tomber sur du bon miel, il faut se tourner vers les miels français de qualité artisanale et non chauffés.
Rémi, un mot de la fin avant de te laisser retourner auprès de tes happyculteurs ?
Si l’apiculture vous intéresse, venez la découvrir avec nous ! Nous sommes présents dans 4 villes : Lille, Lyon, Marseille & Paris. Contactez-nous pour venir sur les ruches avec nous et découvrir comment protéger les abeilles et la biodiversité
Chez Happyculteur, nous avons une approche de l’apiculture naturelle. Nous n’installons pas des ruches pour avoir du miel, mais pour maintenir la biodiversité. On enseigne une apiculture tournée vers la nature. Alors si vous vous reconnaissez dans ces valeurs, rejoignez-nous !
Vous avez envie de devenir happyculteur pour tout connaître sur les ruches et contribuer à la protection de la biodiversité ? C’est par ici :
Photos transmises par Happyculteur
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