Granvillage en reportage : au GAEC du Truchet
Pour Granvillage en reportage, nous sommes avons posé quelques questions à Oscar Pivard, qui gère le GAEC du Truchet avec sa sœur, Elsa. Ensemble, ils élèvent des vaches, recueillent leur lait et fabriquent des glaces qu’ils vendent en circuit court, aux particuliers ou aux professionnels de la région.
Au GAEC du Truchet, l’élevage c’est une affaire de famille
Pour commencer, pouvez-vous vous présenter et nous parler un peu de votre activité, de votre exploitation?
Oscar : Je suis Oscar Pivard, j’ai 30 ans et j’ai repris la ferme familiale avec ma sœur, il y a maintenant 2 ans et demi, dans le nord du département de l’Ain, à côté du Massif du jura.
Nous avons une soixantaine de vaches laitières. Lorsque nous avons repris la ferme, nous avons décidé de diversifier notre activité pour mieux valoriser nos produits, et c’est ainsi que nous nous sommes lancés, à l’été 2022, dans la fabrication de glaces. Nous avons construit un laboratoire en plein cœur de notre exploitation, directement relié à la salle de traite par un système automatisé. Le lait de nos vaches va sans intermédiaire, de la salle de traite à notre laboratoire de transformation, ce qui nous permet de proposer un produit avec un circuit le plus court possible.
Pourquoi avez-vous choisi de diversifier votre activité?
Nous n’avions pas beaucoup de certitudes sur le prix du lait. À nos yeux, la diversification, est un moyen d’assurer une certaine stabilité financière. On peut toucher nos clients directement en leur proposant un autre produit, qui est le résultat concret de ce qu’on fait à la ferme. Cela permet aux gens de voir ce qui se passe dans notre ferme plutôt que de le percevoir de loin sans en connaître les détails. Nos consommateurs apprécient de savoir d’où viennent les produits qu’ils mangent.
Est-ce que ça a toujours été une évidence pour vous de reprendre la ferme familiale?
Pas du tout. Au départ, je ne voulais surtout pas reprendre la ferme. J’ai étudié l’ingénierie en mécanique et plasturgie à Lyon et travaillé dans cette industrie pendant trois ans. Mais lorsque mes parents ont pris leur retraite, je me suis posé la question de laisser ou non cette exploitation familiale partir en dehors de la famille. Finalement, j’ai décidé de poser ma candidature pour reprendre l’affaire, et j’ai convaincu ma sœur de me rejoindre dans cette aventure.
Comment avez-vous appris à gérer une exploitation?
Même si j’ai toujours aidé à la ferme pendant mon enfance, la gestion est une tout autre affaire. Ma soeur et moi avons suivi une formation agricole en obtenant un bac pro en conduite et gestion des exploitations agricoles à distance. Le reste, on l’a appris sur le tas, en faisant des erreurs et en nous améliorant constamment. On a demandé conseil à nos parents, notre entourage. On s’y est attelé petit à petit. L’apprentissage s’est fait par l’expérience. Aujourd’hui, je suis fier d’avoir fait ce choix, de réussir à faire tourner la ferme avec ma sœur, d’avoir ajouté notre pierre à l’édifice avec les glaces, notamment.
Comment s’est passée la reprise et le passage de flambeau ?
Lorsque nous avons repris, nos parents ont lâché les rênes et dès lors, nous étions les responsables. Bien sûr, nos parents nous conseillent encore de temps en temps, mais la gestion quotidienne est désormais entre nos mains. Mon père vient parfois donner un coup de main pour les foins ou si nous avons une question d’ordre vétérinaire. Nous donnions un coup de main plus jeunes, et maintenant c’est eux qui le font.
Le circuit court a-t-il toujours été une évidence pour vous?
Oui, nous croyons fortement aux valeurs du circuit court. Notre but, c’est d’avoir un client satisfait, de pouvoir profiter de son retour. Le circuit court, c’est le meilleur moyen d’y parvenir. Nous avons également d’autres réseaux de distribution, notamment quelques supermarchés autour de chez nous. Nous participons aussi à des événements comme des festivals de musique ou des salons, pour promouvoir nos produits auprès de personnes qui ne nous connaissent pas. Cela permet aux consommateurs de mettre un visage sur les produits qu’ils achètent.
Qui sont vos clients ?
Nous avons des particuliers, des supermarchés, mais aussi des restaurants qui achètent des bacs de glace pour faire des compositions, d’autres qui prennent nos petits pots pour faire de la vente à emporter. Nous faisons partie du réseau Agrilocal où nous accédons aux appels d’offre des collectivités, mais pour l’instant, nous n’en avons pas encore remportés. Les glaces artisanales n’entrent pas forcément dans le budget des collectivités, mais j’espère qu’à l’avenir, des cantines pourront par exemple se l’autoriser, au moins ponctuellement.
Quelle est la principale différence entre le circuit court et les autres types de distribution ?
La principale différence, c’est l’interaction directe avec le client final. Acheter en circuit court permet aux consommateurs de voir l’origine de leurs produits, de discuter avec nous, et même de visiter la ferme. Par contre, la distribution via les supermarchés nous permet de passer un volume que nous ne pourrions pas faire seulement à la ferme. Nous avons besoin des deux. Ça permet au consommateur de choisir : il peut aller en supermarché par commodité, ou bien venir à la ferme pour prendre le temps d’échanger. Il y a une complémentarité entre nos canaux de distribution.
Quelle place occupe le numérique dans votre activité?
Le numérique est omniprésent dans notre quotidien. Nous avons un robot de traite qui peut nous appeler nuit et jour en cas de problème, nous avons une application pour suivre la production de nos vaches, nous utilisons Granvillage quotidiennement pour la facturation ou encore la gestion des commandes de nos clients professionnels ou particuliers. Ça nous permet de centraliser en un seul endroit les commandes et les préparations et ne pas perdre d’informations cruciales.
Il faut vivre avec son temps. Beaucoup de choses peuvent être simplifiées avec le numérique, il faut en profiter. Ce n’est pas toujours simple de prendre ce virage, mais mieux vaut le prendre le plus tôt possible.
Quel avenir voyez-vous pour le circuit court?
Je pense que le circuit court a un bel avenir. Les consommateurs sont de plus en plus sensibles à la provenance de leurs aliments. Acheter local, c’est soutenir les producteurs et obtenir des produits de qualité. C’est un modèle économique qui rapproche les gens de ceux qui les nourrissent. Je pense que nos clients sont sensibles à tout ça.
Êtes-vous serein quant à l’avenir de l’agriculture?
Il y a des défis, notamment climatiques et économiques. Les conditions de production deviennent de plus en plus difficiles et trouver de la main d’œuvre qualifiée est un vrai défi. En tant qu’agriculteurs, nous sommes soutenus par la plupart des gens, mais nous avons encore un effort de communication et de transmission pour faire comprendre au plus grand nombre ce qu’est la réalité du monde agricole. Certains ont parfois du mal à comprendre que si nous fauchons à une certaine heure, ce n’est pas pour les embêter, mais parce que c’est nécessaire de le faire à ce moment-là. Côté politique, nous souhaiterions avoir les mêmes règles dans nos devoirs de production que les produits importés vendus aux mêmes consommateurs. Ça semble être une évidence, c’est indispensable pour garantir une certaine équité, mais pourtant, ce n’est pas le cas.
Cependant, je reste optimiste. Il faut s’adapter et continuer à innover pour surmonter ces obstacles.
Un dernier mot à ajouter?
N’ayez pas peur d’aller à la rencontre des agriculteurs et découvrir les produits autour de chez vous !
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Photos : Reportages métiers
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