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Granvillage en reportage chez Franck Lechat, éleveur de porcs

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Le 07 mars 2023
Granvillage en reportage à la ferme de la Videlais En savoir plus
franck lechat et ses cochons

Franck Lechat porte plusieurs casquettes. Il est éleveur, cultivateur, mais aussi champion de France de barbecue et élu Groupama. Ce n’était peut-être pas assez à ses yeux, car il est aussi à l’origine d’une nouvelle race de cochon : le porc Abrinka. L’équipe Granvillage s’est rendue au cœur de la Normandie, à la ferme de la Videlais, pour recueillir et partager les mots de cet agriculteur passionné et polyvalent.

Franck Lechat est sur Granvillage – commandez votre viande


Franck Lechat, ses porcs et ses cochons Abrinka


On pourrait être tenté d’opposer agriculture biologique et agriculture conventionnelle. Franck Lechat, éleveur et cultivateur normand, incarne la preuve, s’il en fallait une, qu’elles peuvent harmonieusement cohabiter.

« J’ai deux exploitations. La ferme de la Videlais, dans laquelle j’élève des porcs en agriculture conventionnelle et une autre société ou j’élève en agriculture biologique. Je faisais de la vente directe pour la première et c’est ce qui m’a naturellement amené vers la seconde. Les porcs en bio sont majoritairement destinés aux colis à la coupe pour les restaurants et les particuliers. Les magasins et grandes surfaces n’ont pas vraiment pris le tournant du bio. Je n’ai jamais opposé les modèles. Il y a de la place pour tout le monde. »

Comme ses parents avant lui, et leurs parents, ainsi que leurs grands-parents, Franck a pris la suite dans la ferme familiale.

« Cette ferme est dans la famille depuis des générations. Nombreux sont les agriculteurs à gérer des patrimoines, plus que des exploitations. Pourtant, ça reste un business. Et ça, il ne faut pas l’oublier. Beaucoup s’installent pour reprendre après les parents et faire perdurer l’histoire familiale. Moi, mon bandeau était dans l’étable. J’ai eu de la chance, j’aime mon métier. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Certains y viennent contraints. Ce sont des métiers difficiles. On veut pouvoir profiter de notre famille, partir en vacances, bien vivre. Il faut être capable de tenir le choc. De nombreux jeunes finissent par baisser les bras, abandonner le métier, ou pire. Une prof me disait que dans sa classe, deux pères agriculteurs ont mis fin à leurs jours. On en parle peu, pourtant, il y en a beaucoup. »

Lorsqu’il a repris le flambeau, Franck Lechat a laissé une place importante à la nouveauté. D’abord le Label Rouge, la vente directe et l’achat d’une autre ferme. Mais ce n’était pas encore assez.

« J’ai obtenu le Label Rouge, car je voulais proposer des produits de qualité. Rapidement, j’ai eu envie d’aller encore plus loin, de faire différemment des autres copains. Alors, j’ai retiré mes œillères et je me suis questionné sur les attentes de mes consommateurs. Je me disais « on mange du cochon, certes, mais on est capable d’en manger de meilleurs. J’ai commencé à m’intéresser aux races de cochons, notamment celles du sud de la France. Et puis, j’ai décidé de créer ma propre race de cochon pour proposer une viande d’exception. On a fait plusieurs croisements. On faisait goûter le résultat à la famille lors de dégustations à l’aveugle. Et seulement à la famille. J’écoutais leurs retours, j’en prenais acte et je poursuivais mes recherches. Un jour, lors d’un repas de famille, j’ai eu confirmation : j’avais enfin mon cochon issu de croisements de races nobles. La viande est persillée et a ce qu’il faut de gras pour être savoureuse. Je l’ai nommée « la race Abrinka » en référence aux Abrincates, un peuple du nord-ouest de la Gaule.
Ces cochons ont les oreilles tombantes, le nez et les onglons noirs. Ils sont conformés pour avoir de beaux jambons. 80% de leur alimentation provient des céréales que je cultive : maïs, blé, orge, pois, féverole… et le reste est sélectionné avec beaucoup de soin. Mes cochons sont engraissés durant près de 300 jours, soit le double de la moyenne, afin qu’ils développent du muscle dans un premier temps et du bon gras par la suite. Les mères ont entre six et huit porcelets par naissance, là où un élevage standard en attend entre quinze et vingt. »

Cette nouvelle production, l’éleveur normand souhaiterait la voir grandir. Tout comme la place qu’occupent les circuits courts dans son activité.

« Le contexte économique est compliqué. Il y a eu les années COVID, puis la guerre en Ukraine qui ont changé beaucoup de choses dans nos métiers et dans nos assiettes. Il y a eu une prise conscience générale : qu’est-ce qui vient de France ? Qu’avons-nous à manger avec une production purement française ?
C’est l’une des raisons qui me pousse à développer la race Abrinka et la vente directe. Aujourd’hui, les porcs Arbinka représentent 20% de ma production totale avec une moyenne de sept animaux par semaine. J’aimerais aller jusqu’à 10 ou 12 par semaine. 
L’idée, serait d’avoir un jour un local de découpe afin de maîtriser cette partie de la production. Pour l’instant, on lance l’abattoir selon les commandes des clients. C’est ce qui me permet d’être au plus près de leurs envies. C’est le consommateur qui décide. Il peut demander un rôti d’un kilo, un tomahawk de porc ou même un carré. Je m’adapte pour les satisfaire. C’est une bonne chose de donner des responsabilités aux consommateurs. Ça les pousse à se montrer exigeants avec ce qu’ils mangent. Nous, agriculteurs, on participe à leur éducation. Mais ça demande du temps et nous en manquons déjà. La prise de conscience des consommateurs encouragera ensuite les producteurs à aller vers des productions plus saines. Quand les consommateurs comprendront que le jambon est gris et non pas rose, alors les producteurs n’auront plus à ajouter des nitrites pour se conformer à leurs attentes. »

cochons

Il a encore de beaux projets en tête, mais lorsqu’il se retourne sur le chemin parcouru, on sent la fierté et la gratitude éprouvées par notre agriculteur.

« Je suis fier d’être là aujourd’hui, d’avoir ce tournant avec l’agriculture biologique, d’avoir créé l’Abrinka, d’avoir une telle équipe autour de moi. Si je n’avais pas Manon ou Frédéric autour de moi, il manquerait quelque chose. Je les ai toujours associés à ma réussite, même si je ne le dis pas souvent ouvertement. Et cette réussite, elle s’exprime par exemple lorsque j’entends un ancien client en conseiller un nouveau devant mon étal, au marché du samedi matin, sans que j’ai à dire un mot. »

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Photos : Gaétan Clément

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