AccueilBlogLe coin des proLa conversion à l’agriculture biologique : pourquoi ? Pour qui ? Comment ?

La conversion à l’agriculture biologique : pourquoi ? Pour qui ? Comment ?

Dans la catégorie Le coin des pro
-
Le 23 novembre 2020
6 questions sur la conversion biologique En savoir plus
conversion biologique

La conversion biologique c’est la période de transition entre le passage de l’agriculture dite conventionnelle et l’agriculture biologique. Pour bon nombre d’agriculteurs, elle résulte d’une longue période de réflexion. Qu’est-ce que cela implique ? Quelles sont les démarches ? Est-ce long ? granvillage répond à toutes vos questions.


Les réponses à vos questions sur la conversion biologique


Petit rappel : chez granvillage, nous ne prônons pas la bio à tout prix. Une conversion requiert du temps et des investissements que nous savons inabordables pour certains producteurs. Vous êtes nombreux à le rappeler, une certification n’est pas forcément nécessaire pour respecter la Terre, ceux qui la travaillent et ceux qui consomment. Cet article vous est proposé dans le seul but d’accompagner celles et ceux qui souhaiteraient entamer leur conversion biologique.


Qu’est-ce qu’une conversion biologique ?

La conversion biologique est la période transitoire entre des pratiques agricoles conventionnelles et l’obtention d’un certificat en production biologique. Durant cette période, le producteur s’engage à travailler selon la réglementation de l’agriculture biologique, mais ses produits ne peuvent pas encore être commercialisés en bio.

agriculture biologique


Suis-je fait(e) pour l’agriculture biologique ?

Anne Haegelin, Chargée de mission en sensibilisation à la bio, réglementation & aides pour la FRAB AURA (Fédération Régionale de l’Agriculture Biologique Auvergne Rhône-Alpes) vous répond :

« L’agriculture biologique s’adresse à tout le monde. Bon nombre d’agricultrices et agriculteurs ont tendance à penser que l’agriculture biologique n’est pas faite pour eux, qu’ils ne sauront pas faire, que leur exploitation est trop grande ou trop petite. 

Plutôt que de partir de ce postulat, demandez-vous « qu’est-ce qui, dans mes pratiques, mon parcours ou mon histoire, me rapproche de la bio ? ».

Sur une petite structure comme sur une plus grande, il peut très bien y avoir des pratiques, une organisation ou un raisonnement technique du fonctionnement de la ferme qui sont déjà très proches de la bio sans que vous n’en ayez conscience.

Il peut évidemment y avoir des conversions plus difficiles que d’autres, mais la conversion biologique n’est impossible pour personne. Le premier frein est bien souvent la peur de l’inconnu. Pour y pallier, le mieux reste encore d’aller voir comment ça se passe dans les fermes ayant déjà entrepris le virage bio. Cela permet de découvrir de nouvelles pratiques, de discuter avec des producteurs en agriculture biologique, de se renseigner.

Il est également important de se poser des questions sur sa propre production, de comprendre le paysage technique et économique dans lequel on va s’engager. Là encore, vous pouvez entrer en contact avec des producteurs bio, la Chambre d’Agriculture ou les Groupements d’Agriculteurs Biologiques (GAB), qui existent dans tous les départements.

Ces échanges vous permettront de voir ce qu’il y aurait à changer à court terme et moyen terme, en profondeur ou en surface, pour être compatible avec les règles et principes de fonctionnement en bio.

Lorsque toutes ces étapes seront réalisées, vous pourrez prendre contact auprès de votre Chambre d’Agriculture ou d’un conseiller GAB pour vous accompagner dans votre démarche de conversion.

Attention : « commencer une démarche de conversion » ne veut pas dire prendre tout de suite contact avec un organisme certificateur ou engager les démarches administratives ! Dans un premier temps, cela peut simplement consister à tester, sur un an ou 2, de nouvelles pratiques pour vous faire la main comme si vous étiez en bio, pour vous rassurer, afin que la phase de conversion soit la plus fluide possible grâce à tout le travail réalisé en amont.
La durée de conversion « réglementaire » est de 2 ou 3 ans selon les productions. Mais en amont, entre le moment où l’intérêt pour la bio apparait et l’engagement en bio a lieu, cela correspond aussi à un temps de « mûrissement-conversion » et selon les cas, cela peut prendre entre 6 mois et 5 ans. Il faut aussi savoir se donner le temps de mûrir son projet… et pendant ce temps, il est essentiel d’être curieux et de rencontrer d’autres producteurs qui sauront partager leur expérience avec vous! »

Ressources utiles :
Faire ses premiers pas dans la bio
La bio en Auvergne-Rhône-Alpes

frab
FRAB : Fédération régionale de l’agriculture biologique d’Auvergne-Rhône-Alpes


Pourquoi passer en bio ?

Depuis le début des années 90, les exploitations engagées en bio sont toujours plus nombreuses. En 2019, le Ministère de l’Agriculture et de l’alimentation en recensait plus de 47 000 soit près de 13% de plus que l’année précédente.
Les raisons qui peuvent pousser un agriculteur à entamer une conversion à l’agriculture biologique sont nombreuses et motivées par des expériences personnelles. Bien souvent, cette décision est portée par les valeurs et les objectifs de l’agriculteur. Les facteurs les plus récurrents sont l’impact sur la santé, sur les sols, l’environnement et la biodiversité, mais aussi les opportunités commerciales et la demande grandissante des consommateurs.

Passer en bio peut aussi signifier repenser sa stratégie de commercialisation, accéder à des circuits de distribution supplémentaires et à de nouveaux réseaux professionnels.

Mais le passage en bio doit être choisi et non subi. C’est un projet qui mérite d’être longuement mûri, et en cohérence avec vos aspirations, vos contraintes et votre situation.

Cette transition à l’agriculture biologique ne sera pas seulement technique (les systèmes de production changent), elle sera aussi économique (des investissements peuvent être nécessaires) et humaine (vous allez acquérir de nouvelles compétences, une autre vision de l’agriculture).

N’hésitez pas à échanger avec des agriculteurs bio. Ils pourront vous faire part de leur expérience, partager leurs conseils et vous éviter certaines erreurs.

Si des compétences vous manquent, des formations peuvent vous être proposées. Rapprochez-vous des Chambres d’Agriculture et des Groupements d’Agriculteurs Biologiques qui pourront vous aider et vous conseiller.

exploitations bio


Quelles sont les démarches pour passer à la bio ?

  • La construction du projet

Tout d’abord, il vous faudra établir un diagnostic afin d’avoir une projection globale des changements qu’impliquera votre conversion à l’agriculture biologique. De ces conclusions, vous pourrez réaliser un prévisionnel vous permettant d’avoir une vision claire sur les années qui suivront la conversion, sur les besoins techniques et économiques qu’elle entraînera.

  • L’engagement

Votre projet construit, vous pourrez alors vous rapprocher d’un organisme certificateur (OC) afin de leur demander un devis. Un OC, c’est un organisme chargé de certifier et contrôler les exploitations engagées dans une démarche biologique. Il existe de nombreux OC (Ecocert, Agrocert, CertiSud…). Votre choix pourra être guidé par les valeurs portées par ces différents organismes, par le type de service proposé, par la situation géographique ou par les prix pratiqués.

Une fois l’OC choisi, vous pourrez vous signaler auprès de l’Agence Bio puis envoyer un courrier d’engagement à votre OC. Après avoir attesté de votre inscription auprès de l’Agence Bio, il validera votre engagement. Une fois le contrat signé, l’OC réalisera une visite d’habilitation. Si votre production est conforme au cahier des charges de l’agriculture biologique, alors votre date de notification correspondra à votre date d’engagements. Si la production n’est pas conforme, votre date d’engagement correspondra à la date de mise en conformité.

Si votre exploitation est trop loin ou si le risque de contamination semble trop élevé, il est possible qu’un organisme certificateur refuse de vous suivre. Si c’est le cas, n’hésitez pas à vous rapprocher d’un autre organisme et à considérer les remarques du premier pour éliminer ou réduire les risques.

Si votre OC ne vous convient plus, il est tout à fait possible d’en changer. Les contrats sont annuels, mais veillez à entamer les démarches suffisamment tôt pour ne pas dépasser le délai ou laisser un laps trop grand qui pourrait être considéré comme une rupture dans la conversion à l’agriculture biologique.

La demande peut être faite en ligne ou par courrier auprès de l’Agence Bio.



Combien de temps pour obtenir une certification ?

  • Productions végétales

La période de conversion biologique pour les productions végétales est de 2 ans avant le semis de cultures annuelles et 3 ans avant le semis de cultures pérennes (vergers, vignes, oliviers). Pour les végétaux poussant spontanément, aucune période de conversion n’est nécessaire si le terrain est en zone naturelle.

  • Productions animales

Les animaux doivent naître et être élevés dans des exploitations biologiques. Si le cheptel a besoin d’être renouvelé, des animaux « conventionnels » peuvent être introduits dans l’exploitation. La durée de la conversion pourra alors aller de 6 semaines pour les poules pondeuses à 1 an pour les équidés ou les bovins de la filière viande. La conversion des animaux pourra être réalisée en parallèle de la conversion des pâturages et terres utilisées pour l’alimentation des animaux.



Est-ce possible d’avoir une exploitation mixte (agriculture conventionnelle et bio) ?

Avoir une production conventionnelle et une production biologique sur une même exploitation est autorisé si certaines conditions sont respectées.

Pour les productions animales, les espèces doivent être différentes et évoluer dans des bâtiments et parcelles strictement séparés.

Pour les productions végétales, les variétés doivent être différentes, les moissons ne doivent pas se chevaucher et le stockage doit être séparé.



Quelles sont les aides pour entamer sa conversion biologique ?

Parce qu’un tel changement représente un véritable investissement, il existe des aides à la conversion biologique.

Il existe plusieurs types d’aides :

  • L’aide à la conversion en agriculture biologique : elle est attribuée à la parcelle en agriculture biologique pour 5 ans. Ces aides peuvent aller de 44€ par hectare pour les landes ou les ateliers d’élevage, à 900€ par hectare pour le maraîchage, l’arboriculture, les semences potagères ou les plantes médicinales et aromatiques. La demande doit être réalisée sur la déclaration PAC. Attention, pour être éligible, les demandes doivent être faites avant la conversion.
  • Le crédit d’impôt à la bio : 40% du chiffre d’affaires doit provenir de l’activité en agriculture biologique. Le formulaire à remplir est disponible sur le portail impots.gouv

La somme de ces aides ne peut pas dépasser 4 000€.

Par la suite, une aide au maintien en agriculture biologique pourra également être accordée.

D’autres aides qui ne sont pas spécifiques à l’agriculture biologique peuvent également être proposées. Celles-ci accorderont des majorations intéressantes pour les exploitations en bio ou en conversion. N’hésitez pas à vous renseigner auprès de votre Chambre d’Agriculture pour lister les aides auxquelles vous êtes éligibles.



Vous avez entamé votre conversion à la bio ? Vous souhaitez le faire ? Vous êtes en bio depuis longtemps ? Votre témoignage intéressera sûrement les autres producteurs granvillage. Partagez-le en commentaire ou sur nos réseaux !

Le coin des pros

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *En laissant un commentaire vous acceptez de laisser votre nom/pseudo pour affichage sur le site et votre adresse mail pour pouvoir vous contacter à propos de votre commentaire uniquement si besoin.Mutuaide services, filiale du groupe Groupama, collecte ces informations afin de vous permettre de laisser un commentaire sur le blog, de conserver vos informations pour faciliter la saisie et pour soumettre votre message à notre service de modération. A cet effet, nous partageons les données à Akismet pour la protection contre le spam des commentaires. Découvrez comment sont traitées les données de vos commentaires par Akismet et par Mutuaide services.