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Semences paysannes, le fruit d’un combat

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Le 15 août 2020
Semences paysannes, qu'est-ce que c'est ? En savoir plus
semences paysannes

Le 11 juin 2020, l’achat de semences paysannes a enfin été ouvert aux jardiniers amateurs et les professionnels de l’agriculture ont pu vendre des semences de leur cru. Cette loi est le fruit d’un combat mené depuis des décennies par des agriculteurs désireux de retrouver leur indépendance et leur autonomie. Que sont les semences paysannes ? Qu’est-ce qui change aujourd’hui ? Granvillage décrypte !


Semences paysannes, qu’est-ce que c’est ?


« La cession, la fourniture ou le transfert, réalisé à titre gratuit ou à titre onéreux de semences ou de matériels de reproduction des végétaux d’espèces cultivées de variétés appartenant au domaine public à des utilisateurs finaux non professionnels ne visant pas une exploitation commerciale de la variété n’est pas soumis aux dispositions du présent article, à l’exception des règles sanitaires relatives à la sélection et à la production. »

LOI n° 2020-699 du 10 juin 2020 relative à la transparence de l’information sur les produits agricoles et alimentaires


Jusqu’au 11 juin 2020, date à laquelle la loi citée ci-dessus fut publiée au Journal Officiel, nombreux étaient les agriculteurs hors-la-loi. Ni bandits, ni criminels, ils vendaient simplement sous le manteau des graines issues de leur récolte aux particuliers qui souhaitaient cultiver leur petit jardin. À l’été 2020, après de nombreuses tentatives toujours retoquées, pour la première fois depuis 71 ans, ils ont pu agir en toute légalité.


Les semences, quelle histoire !


Depuis la sédentarisation de l’Homme et la naissance de l’agriculture, celles et ceux qui travaillaient la terre prélevaient des semences issues de leurs récoltes pour préparer la suivante.

Au début du XIX° siècle, la France s’industrialise. Sous la pression des grands industriels, on voit alors apparaître des herb-books, ces registres qui recensent les races de chevaux et de chiens pour valoriser les qualités des animaux et favoriser leur sélection. Peu à peu, cette pratique se repend en agriculture. On se met alors à consigner les variétés de plantes.

Dans les années 30, on légifère sur ces pratiques et on les soumet à de nouvelles règlementations : désormais, toutes les nouvelles variétés doivent être inscrites au catalogue officiel des espèces et variétés de plantes cultivées. En 1949, la loi va plus loin et interdit la commercialisation onéreuse ou gratuite de semences qui ne sont pas recensées sur le catalogue. Les agriculteurs ont le droit de ressemer leur récolte, mais doivent passer par des semenciers agréés pour se fournir.

Pour répondre aux besoins des industries agroalimentaires, l’agriculture paysanne est contrainte de céder sa place à l’agriculture intensive. On fait alors en sorte que les variétés s’homogénéisent et soient toujours plus performantes.

Sentant le bon filon, des multinationales s’emparent du marché. Monsanto, Limagrain ou Corteva deviennent propriétaires des semences inscrites et se mettent à produire des graines « hybride F1 », non réutilisables d’une année à l’autre. Pour inscrire une semence au catalogue officiel, il faut débourser entre 6 000 € et 15 000 €, une somme impossible à réunir pour de nombreux petits producteurs. Les agriculteurs deviennent dépendants et leur autonomie est presque réduite au néant.

De telles pratiques font également vaciller la souveraineté alimentaire des pays qui reposent sur une agriculture paysanne. Elles rendent les agriculteurs dépendants, altèrent la qualité nutritionnelle des produits et menacent les systèmes alimentaires. Dans certains pays, les populations locales sont alors plus exposées au risque d’insécurité alimentaire.

semences paysannes particuliers


La biodiversité en danger

Ce système a été pensé pour répondre à la consommation de masse. Peu à peu, les semences paysannes ont laissé leur place à des espèces considérées comme étant plus rentables et les espèces non-réglementaires se font faites rares, allant parfois jusqu’à s’éteindre. En un siècle, 75% des variétés de semences ont disparu.

Quant aux semences hybrides, elles sont obtenues par une sélection génétique rigoureuse. Les fruits et les légumes se ressemblent, sont uniformes et plus résistants pour subir des milliers de kilomètres de transport.

La députée Frédérique Tuffnel a tenté d’alerter sur les dangers engendrés par de telles pratiques :

« 90 % des variétés agricoles traditionnelles ne sont plus cultivées. La culture de semences paysannes permet aussi de lutter contre la standardisation des formes, des goûts et des saveurs. »

Selon la FAO, (Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture), seulement 12 espèces végétales seraient à l’origine de 75% des aliments de la planète.


Les semences paysannes aujourd’hui


Le combat n’est pas terminé : si les agriculteurs ont le droit de vendre leurs semences aux particuliers, la vente aux autres professionnelles est toujours interdite.

L’autre combat à mener sera ensuite au niveau de l’Union Européenne. Le 23 juin, la Commission s’est opposée à loi, arguant que la vente des semences relevait des directives européennes.

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