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Qu’est-ce que l’agriculture de conservation des sols (ACS) ?

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Le 11 septembre 2021
Questions & réponses sur l’agriculture de conservation des sols (ACS) En savoir plus
acs


Serge Zaka, docteur en agroclimatologie, voit l’agriculture de conservation des sols (ACS) comme une solution pour limiter le dérèglement climatique. Mais savez-vous en quoi consiste ce type d’agriculture ?  

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Questions-réponses avec Serge Zaka

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Toutes les réponses à vos questions sur l’ACS



Qu’est-ce que l’agriculture de conservation des sols ?  


L’agriculture de conservation des sols (ACS) est un système agricole qui vise à protéger les terres arables.  Elle repose sur 3 piliers principaux : 

  • Une couverture permanente des sols pour prévenir les adventices, favoriser le stockage d’azote et préserver les réserves hydriques. Le choix des couverts pourra être fait selon les caractéristiques de votre sol, la saison et la culture qui suivra.  
  • Un travail du sol minimal pour limiter son érosion et protéger la matière organique qu’il contient. L’humus généré par les végétaux en décomposition agit alors comme une couche protectrice. Le labour profond est remplacé par un travail du sol en surface (comme la technique du strip till). 
  • La diversification et la rotation des cultures pour créer des interactions vertueuses entre les différents végétaux, limiter l’apparition de maladies, de parasites et d’espèces végétales indésirables. Trois grandes familles sont utilisées : les légumineuses qui rechargent le sol en azote, les crucifères qui s’enracinent en profondeur avec leurs racines pivotantes et les graminées, idéales pour produire de la biomasse. 


Pourquoi l’ACS ? 


Selon la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), 33% des terres sont dégradées. La pollution, l’artificialisation, la compaction ou encore la salinisation, accélèrent l’érosion des sols. Chaque année, entre 20 et 40 milliards de tonnes de couche disparaît. Or, la création d’un seul centimètre de sol peut aller jusqu’à un millénaire.  

L’Organisation considère l’ACS comme un système pouvant régénérer les terres dégradées et empêcher la perte de terres arables.  

Dans une étude réalisée en 2012, l’INRA observait que le taux de matière organique était 51% plus élevé sur un sol en ACS par rapport à l’agriculture conventionnelle et que la biomasse avait augmenté de 71% en ACS.  

Les amendements, le couvert végétal ou les résidus de culture permettent de stocker 0,3 à 0,5 tonne de carbone par hectare, contribuant ainsi au stockage carbone nécessaire pour limiter le dérèglement climatique. En ACS, si les trois principes sont rigoureusement appliqués, ces chiffres peuvent aller de 0,5 à 0,9 tonne de carbone par hectare.  

En plus de contribuer au stockage carbone, l’ACS rejette moins de CO2 dans l’atmosphère. Ses émissions sont 83% inférieures à celles de l’agriculture conventionnelle (livre blanc APAD).  

ⓒ franceagritwittos.com


Quels sont les avantages de l’agriculture de conservation des sols ?  


L’agriculture de conservation des sols permet d’accroître la biodiversité à travers une meilleure utilisation des ressources naturelles (comme les eaux de pluie ou les nutriments naturellement présents dans les végétaux), mais elle présente aussi des intérêts économiques, agronomiques, sociaux et environnementaux : 

  • Allègement du temps de travail et des besoins en main d’œuvre 
  • Réduction des dépenses (carburant, main d’œuvre, entretien des machines…) 
  • Augmentation de la production avec une quantité d’intrants moins importante 
  • Développement de la matière organique et de la biodiversité 
  • Meilleure capacité de rétention de l’eau 
  • Amélioration de l’enracinement 
  • Séquestration naturelle du carbone 
  • Augmentation de l’activité biologique 
  • Amélioration de la qualité de l’air et de la qualité de l’eau 


Comment gérer la transition en agriculture de conservation des sols ? 


Se lancer en ACS implique de nombreux changements : il faut se former, s’essayer à de nouvelles pratiques, accepter de bouleverser ses repères et se remettre en question. Délaisser le labour et adopter la couverture végétale peut susciter bien des interrogations, notamment de la part des pairs.  

Un tel changement demande du temps, de la motivation et beaucoup de curiosité. 

Pour mener au mieux cette transition vers l’ACS, vous pouvez vous faire accompagner. Les chambres d’agriculture proposent des formations et des animations collectives pour appréhender les spécificités de ce système agricole. Des associations ou cabinets, comme l’APAD, la BASE, A2C ou Sol&Co, proposent d’accompagner les agriculteurs désireux d’entamer leur transition vers une agriculture de conservation.  



Par où commencer ? 


Vous l’aurez compris, la transition en ACS ne se fait pas en un clin d’œil.  

Tout d’abord, il faudra réapprendre à connaître votre sol. Pour cela, vous pourrez procéder à différents diagnostics réalisés par vous-même ou par un organisme tiers.  

  • Diagnostic physique pour analyser la structure et la texture (granulométrie) du sol. Vous ne gérerez pas de la même manière un sol argileux et un sol majoritairement sableux.   
  • Diagnostic chimique pour comprendre ce qui compose votre sol, connaître son acidité, son alcalinité, sa capacité de nutrition, mais aussi sa fertilité ou ses carences.   
  • Diagnostic biologique pour comprendre l’activité vivante sur votre terre. Ce diagnostic consiste à prélever un échantillon de terre et à compter les vers qui la composent, analyser sa flore adventice, caractériser la matière organique (vivante, stable, fraîche) 

L’APAD recommande de réaliser des diagnostics approfondis afin d’anticiper et corriger les problèmes liés au sol.  

« Arrêter tout travail du sol va remettre en cause tout le fonctionnement de ce sol. Le métal devra être remplacé par le végétal, le biologique ; cette transition doit être anticipée : tout problème de sol, en particulier de structure, pénalisera une évolution optimale de la biologie. Démarrer sur un sol sain, exempt de problèmes de structure et de forte pression adventices, est donc idéal. Il peut s’avérer nécessaire de démarrer directement après le dernier labour si une problématique existe et implanter aussitôt un gros couvert végétal qui commencera la structuration biologique. » 

Pour bien commencer, l’association préconise de pratiquer l’ACS sur une surface inférieure à 10% de l’exploitation. Vous pourrez alors corriger les problèmes, réaliser des essais et, progressivement, agrandir la surface en ACS.  

Si vous vous lancez en autodidacte, des associations proposent des guides pour vous accompagner (exemple : boîte à outils de l’APAD). Certaines chambres d’agriculture mettent également à disposition des agriculteurs des guides pour diagnostiquer leurs sols.  

couvert végétal
ⓒ franceagritwittos.com


Comment valoriser son exploitation en ACS ? 
 

En 2020, l’APAD a lancé « Au cœur des sols », un label visant à mettre en avant les exploitations inscrites dans une démarche d’ACS. Vous pouvez remplir une grille d’auto-évaluation afin de voir si vous êtes éligible. Si c’est le cas, vous pourrez remplir un formulaire d’inscription afin d’être contacté par un auditeur qui procédera à l’examen de votre exploitation.  



Quid des produits phytosanitaires ? 

L’ACS a pour but d’être au plus près des écosystèmes naturels. Les techniques sur laquelle elle repose contribuent à diminuer la quantité d’intrants phytosanitaires.  

En ACS, l’usage de produits sanitaires est autorisé, mais tout est fait pour limiter leur utilisation au maximum au profit de techniques naturelles. L’APAD conseille par exemple d’associer le colza à d’autres plantes (féverole, lentille, fenugrec, trèfle d’Alexandrie) pour éloigner les insectes et se passer d’insecticide.  


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